Dans l’obscurité du monde sous-marin, les espèces utilisent les sons pour percevoir leur environnement. Toutefois, les chants, les clics et les sifflements naturels dont elles se servent pour trouver leur nourriture, s’occuper de leurs petits, socialiser et s’accoupler sont noyés dans le vacarme croissant causé par les activités humaines.
Vous pouvez aider à baisser le volume de la pollution par le bruit sous-marin en demandant au Canada d’enfin publier sa stratégie sur le bruit dans les océans. Les espèces ont besoin d’un vrai plan et d’actions significatives – pas de plus de bruit.
EN QUOI LE BRUIT SOUS-MARIN EST-IL PRÉOCCUPANT?
Comme il voyage cinq fois plus vite dans l’eau que dans l’air, le son est le moyen le plus efficace pour les espèces marines de percevoir leur environnement et de communiquer à travers la vaste étendue de l’océan. Des vibrations acoustiques du homard d’Amérique aux petits grognements de la morue de l’Atlantique en passant par les clics d’écholocalisation à haute fréquence des épaulards et des vocalises profondes des énormes baleines bleues, les sons de l’océan forment une véritable symphonie sous-marine.
Mais de plus en plus, la bande sonore naturelle de l’océan est étouffée par le vrombissement tonitruant de milliers de navires, les détonations sismiques assourdissantes des activités pétrolières et gazières sur les fonds marins et le grondement croissant des constructions maritimes. Cette pollution sonore enveloppe comme une épaisse couche de brouillard les notes musicales de la vie marine, mettant en péril sa survie de diverses façons.
COMMENT LA
POLLUTION
SONORE MENACE-
T-ELLA LA
VIE MARINE?
COMMENT LA
POLLUTION
ONORE MENACE-
T-ELLE LA
VIE MARINE?
À QUOI RESSEMBLE LA POLLUTION SONORE SOUS-MARINE?
Découvrez comment le bruit dû à l’activité humaine affecte les espèces de nos océans. Écoutez les vocalises des baleines, puis augmentez en même temps le son de la pollution par le bruit. Pouvez-vous toujours les entendre?
Cliquez sur une épingle de carte et faites glisser la molette de volume pour réduire la pollution sonore.
Les sons sont des représentations généralisées de bruits sous-marins et le volume dépend de la distance de la source sonore et d’autres variables du paysage sonore.
Océan Arctique
BAIE DE BAFFIN
Le niveau de stress des narvals a augmenté de 200 % au cours des dernières années.
En sept ans seulement, le bruit sous-marin dans l’océan Arctique a doublé avec l’augmentation du trafic maritime. Le narval s’est distingué en tant que mammifère marin le plus vulnérable à la hausse de la navigation dans la région, en raison de l’emprise de cette dernière sur ses habitats de prédilection et de sa sensibilité au bruit sous-marin.
Océan Arctique
MER DE BEAUFORT
En seulement sept ans, le bruit sous-marin a doublé dans certaines régions de l’Arctique.
L’un des océans les plus silencieux au monde est de plus en plus exposé à la pollution par le bruit, car la fonte de la banquise élargit les possibilités de navigation et de développement. À mesure que la banquise disparait, ainsi disparait cette barrière physique qui étouffait auparavant les bruits venant de la surface. Le niveau croissant de bruit menace les baleines des glaces, les phoques et les morses.
Océan Pacifique
MER DES SALISH
Le bruit menace la population d’épaulards en danger critique d’extinction dont il ne reste que 75 individus.
On s’attend à ce que le trafic dans le port de Vancouver atteigne plus de 4000 bateaux par année, alors qu’il a été démontré que la pollution par le bruit sous-marin masque l’écholocalisation et la communication entre les 75 individus de la population d’épaulards résidents du Sud, qui est en danger critique d’extinction.
Océan Pacifique
ZONE MARINE DU GRAND OURS/CÔTE NORD DE LA C.-B.
La côte Nord de la Colombie-Britannique se prépare à une augmentation massive du trafic maritime depuis les nouveaux terminaux de GNL.
Les baleines à bosse développent et répètent leurs magnifiques chants dans la zone marine du Grand Ours avant de migrer. Mais ces eaux encore tranquilles se préparent à une hausse massive du transport maritime découlant de la construction de terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL). Cela pourrait avoir des effets néfastes sur les épaulards, les baleines à bosse et les rorquals communs.
Océan Atlantique
GOLFE DU SAINT-LAURENT
Il y a moins de 400 baleines noires de l’Atlantique Nord restantes et les collisions avec les navires représentent une source significative de mortalité.
Pour protéger la baleine noire de l’Atlantique Nord et d’autres espèces en péril dans la région, nous devons réduire le plus possible les facteurs de stress, notamment la pollution sonore due à la navigation, qui entraine des collisions mortelles avec des navires, et due à l’exploration pétrolière et gazière, qui utilise des canons à air sismiques plus bruyants que le décollage d’un avion à réaction.
Océan Atlantique
Saguenay, Saint-Laurent
Les sons sont essentiels aux liens entre les mères et leurs petits bélugas du Saint-Laurent, une population en voie de disparition.
Le béluga a la capacité d’émettre une grande diversité de signaux sonores, de sifflements, de cris et de clics. Ces vocalises aident le béluga à s’orienter, à se nourrir, à se reproduire et à socialiser dans l’estuaire du Saint-Laurent et dans la rivière Saguenay qui regorgent de vie. Les mères et leurs petits sont particulièrement vulnérables à l’augmentation du bruit des navires qui peut causer leur séparation, mettant encore plus en péril les baleineaux.
POURQUOI LE CANADA DOIT-IL AGIR MAINTENANT?
Bordé par trois océans, le Canada a la responsabilité mondiale d’être un leader audacieux dans la prévention de la pollution par le bruit sous-marin. Il avait initialement promis de dévoiler une première ébauche de sa stratégie sur le bruit dans les océans en 2021, puis d’ici la fin de 2022. Toutefois, le gouvernement demeure silencieux, même si le volume de nos océans ne cesse d’augmenter et que plusieurs populations de baleines nagent vers la disparition.
Comme le trafic maritime augmente à travers le monde en plus de doubler le bruit sous-marin à chaque décennie, le Canada doit prendre des mesures concrètes dès maintenant pour gérer la pollution par le bruit sous-marin de demain. Le temps presse. Nous ne pouvons pas laisser passer une autre année sans un plan fort pour baisser le volume.
LE TEMPS PRESSE
QUE PEUT FAIRE LE CANADA?
Nous avons besoin d’un vrai plan maintenant, pas de plus de bruit.
La stratégie du Canada sur le bruit dans les océans est en retard. Non seulement le Canada doit publier dès que possible un plan afin de gérer la pollution par la bruit sous-marin, mais ce plan doit livrer des actions urgentes significatives et mesurables nécessaires pour protéger efficacement les baleines. Ce plan devrait inclure :
Des limites de bruit
Le Canada doit fixer des limites de bruit pour les activités dont nous connaissons les répercussions négatives sur les paysages sonores, comme la navigation et l’exploration pétrolière et gazière. Ces limites doivent tenir compte des limites biologiques (le volume que différentes espèces sont capables de supporter sans effet néfaste) et du savoir des communautés locales et autochtones.
Des cibles de bruit régionales
Nous devons limiter la pollution par le bruit partout, mais des zones différentes nécessitent une approche différente. Des régions déjà excessivement bruyantes ont besoin de cibles de réduction du bruit, alors que des régions en rapide développement, comme l’Arctique, ont besoin de limites de bruit afin de préserver le paysage sonore naturel. Le Canada devrait prioriser la protection des habitats importants pour les mammifères marins en péril.
Des technologies plus silencieuses
L’industrie a un rôle essentiel à jouer pour accélérer le développement et l’adoption de technologies et de navires plus silencieux, et nous pouvons l’y encourager avec une stratégie plus stricte sur le bruit dans les océans. Pendant ce temps, le Canada devrait promouvoir dès maintenant des mesures de réduction du bruit, comme le ralentissement des navires dans les habitats essentiels.
De la surveillance et des mécanismes de mise en application
Il doit y avoir un plan de surveillance continue des niveaux de bruit et des mécanismes de mise en application pour faire respecter les limites et les cibles de réduction. Les lois sur la protection marine comprennent très rarement des restrictions sur la navigation, et aucune sur le bruit. Sans moyens coercitifs, il est peu probable que la Stratégie sur le bruit dans les océans du Canada contribue à éliminer la pollution par le bruit dans les habitats importants.